Hausse des prix du chauffage en copropriété : à quoi s’attendre ?

Connaissez-vous le montant de vos factures de chauffage ? Savez-vous combien vous payez aujourd’hui et combien vous paierez dans 3 mois ?

Très peu de Français parviennent aujourd’hui à mesurer l’impact de la hausse des prix du chauffage. Pourtant, on constate une explosion des coûts du gaz et de l’électricité depuis octobre 2021.

Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement devrait prendre fin le 31 décembre 2022. Mais que va-t-il se passer ensuite…

La hausse des prix du chauffage en quelques chiffres

Le bouclier tarifaire

Depuis 2021, on constate une hausse de plus en plus rapide du coût des énergies. En cette fin d’année 2022, nous avons heureusement été protégés par le bouclier tarifaire.

Un petit rappel sur celui-ci ne fera pas de mal. Il s’agit d’un dispositif visant à bloquer momentanément le prix réglementé du gaz, pour les logements individuels, mais également pour les habitats collectifs. Il limite également l’augmentation du prix de l’électricité. Ce bouclier, mis en place à la fin de l’année 2021, devait prendre fin en juin 2022. Or, le gouvernement a décidé de l’étendre jusqu’au 31 décembre 2022. À l’heure actuelle, nous ne savons pas avec certitude si ce dispositif va réellement prendre fin en 2023, ou bien s’il va être prolongé.

Des chiffres marquants

L’entreprise Hellio, spécialisée dans les audits énergétiques et la mise en relation entre les copropriétés et les professionnels de la rénovation énergétique, estime que les tarifs individuels HT du gaz ont augmenté de plus de 47% depuis janvier 2021. Cette hausse a ensuite été stoppée par le gel des prix imposés par le bouclier tarifaire.

La Commission de Régulation de l’Énergie a quant à elle récemment publié les barèmes des tarifs réglementés de vente de l’énergie. Ces barèmes nous montrent que sans le bouclier tarifaire, les tarifs du gaz auraient connu une augmentation de 37,30% TTC en octobre 2022. Cette évolution représente une hausse massive de 181,5% TTC par rapport au mois d’octobre de l’année précédente.

Du côté de l’électricité, les prix grimpent également. Francetvinfo nous rappelle notamment que le prix du MWh acheté à l’avance pour 2023 est passé de 85€ à 1000€ en seulement un an. Cette explosion des prix a atteint son pic en août 2022. Cependant, sachez que cette hausse ne se répercutera pas telle quelle sur vos futures factures. Les tarifs des énergies achetées à court terme sont en effet plus abordables que ceux des énergies achetées à l’avance. Vous pouvez notamment consulter le site rte-france.com. Les tarifs des régulations dépendront également des variations du marché et de votre contrat avec votre fournisseur d’électricité.

Nicolas Goldberg, spécialiste de l’énergie et de l’environnement chez Colombus Consulting, tempère les inquiétudes de chacun, en estimant que seule une petite part du prix total des factures va être impactée par la hausse des prix. Il précise en effet que les deux tiers des factures ne sont pas liés à l’énergie, mais à l’entretien du réseau et aux taxes.

Comment expliquer la hausse massive des prix du chauffage depuis 2021 ?

Le conflit Russo-ukrainien

La première cause à laquelle on pense lorsqu’on évoque la hausse des prix du chauffage, est évidemment le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Depuis le début de cette Guerre, tout est plus cher, surtout l’énergie. Cependant, les tensions géopolitiques ne sont pas les seules causes de cette explosion des prix. En effet, la crise énergétique était inévitable, avec ou sans ce conflit géopolitique.

La dépendance aux énergies fossiles

Le gaz que nous utilisons en France provient presque entièrement d’importations étrangères, ce qui nous rend particulièrement vulnérables aux hausses de prix. Cependant, même si nous produisions l’intégralité de notre gaz, celui-ci reste une énergie fossile. La limitation et la constante diminution des stocks favorisent donc inévitablement l’augmentation des coûts.

L’arrêt des réacteurs nucléaires

L’explosion du prix de l’électricité s’explique quant à elle en grande partie par les problèmes que la France rencontre avec ses réacteurs nucléaires. Une corrosion a été découverte en octobre 2021, au niveau du système de refroidissement de certains réacteurs. À cause de ce problème, plus de la moitié d’entre eux ne sont plus en service, et ce, depuis plusieurs mois. Cette situation entraine donc une diminution alarmante des stocks d’énergie, car 70% de l’électricité française est produite par le nucléaire.

Pour faire face à ce problème, la France est contrainte d’augmenter ses importations d’électricité, en sollicitant des pays qui utilisent le gaz pour en produire. Nous sommes donc dans un cercle vicieux, alimenté par l’importation massive et la hausse du prix du gaz et de l’électricité.

L’augmentation de la demande

L’arrivée de l’hiver s’accompagne d’une chute des températures. Nous avons donc besoin de nous chauffer davantage. Cette augmentation de la demande se heurte donc aux réserves d’énergies insuffisantes, et participe à la montée des prix.

À quoi s’attendre lorsque l’on vit en copropriété ?

Victoire Immobilier dispose d’un service de gestion locative. Nous avons donc un rôle à jouer dans la communication entre les locataires et les bailleurs, auprès de leur syndic de copropriété.

Depuis quelques semaines, nous avons commencé à recevoir des courriers de la part de certains syndics, traitants des futures régulations des factures énergétiques. Les chiffres sont assez alarmants, puisqu’ils montrent par exemple des prix du gaz multipliés par 7.

D’un autre côté, nous constatons qu’une grande partie des locataires et des copropriétaires vivant en résidence principale n’ont pas encore d’informations à ce sujet. Certains ont déjà été informés par leur syndic, tandis que d’autres sont encore dans le flou.

Afin d’éclaircir cette situation, nous vous invitons vivement à prendre les devants, en contactant votre syndic de copropriété. Demandez-leur de vous expliquer en détail comment se présentera la hausse des prix du chauffage collectif, afin de ne pas avoir de mauvaise surprise. Posez-leur notamment les questions suivantes :

  • Quels seront les prix du chauffage pour votre copropriété en 2023 ?
  • Sous quelle forme se présentera la régulation ?
  • À partir de quelle date les prix augmenteront-ils ? Et de combien ?
  • Y a-t-il plusieurs options envisageables pour les paiements ?
  • Y aura-t-il des risques de coupures ?

Comment agir face à la hausse des prix du chauffage en copropriété ?

Améliorer les performances énergétiques des logements apparait comme une solution évidente pour agir contre la hausse des prix du chauffage. Cependant, ce type de travaux est souvent assez onéreux. ,, et rarement compatibles avec les systèmes de chauffages collectifs.

Pour faire face à l’explosion des coûts, tous les habitants en copropriété ont besoin de solutions concrètes, réalistes, et applicables rapidement. Voici donc quelques options, qui peuvent être débattues avec votre syndic et lors des assemblées générales de votre copropriété :

Installer un compteur calorifique

Les copropriétés qui disposent d’un chauffage collectif seront les plus pénalisées par la hausse des prix. L’installation d’un compteur calorifique peut donc être une solution envisageable, qui permettrait de réduire les coûts. Ce processus nécessitera un vote en assemblée générale.

Sachez également que sous certaines conditions, les copropriétaires peuvent bénéficier d’un écoprêt à taux zéro, pour financer l‘installation d’un chauffage individuel. Toutes ces possibilités sont à analyser directement avec votre syndic.

Les têtes thermostatiques connectées

Selon l’Agence de la Transition Ecologique, le thermostat connecté peut réduire votre consommation énergétique de près de 15%. Cet appareil permet en effet de régler la température de chaque pièce de votre logement en fonction de leur utilisation, de vos absences et des moments de la journée. Vous évitez ainsi les pertes de chaleur, tout en maximisant votre confort. Sachez que ces avantages ne sont pas réservés aux chauffages individuels. Certains appareils sont en effet conçus pour les chauffages collectifs. Il s’agit de têtes thermostatiques connectées, que vous pouvez fixer sur vos radiateurs. Celles-ci vous permettront de contrôler le flux d’eau qui circule à l’intérieur.

Les têtes thermostatiques connectées ne sont donc pas liées directement à une chaudière. Cependant, elles proposent des avantages similaires. Vous pouvez notamment :

  • Contrôler la température de vos radiateurs grâce à une application mobile
  • Planifier la diminution ou l’augmentation du chauffage en fonction de vos besoins

Un prêt collectif

Il est possible pour tous les copropriétaires de contracter un prêt collectif dans certains cas. Les plus connus sont pour la réalisation de travaux dans les parties communes de l’immeuble, ou bien pour certaines parties privatives. Ce type de prêt peut permettre de financer l’installation de compteur calorifique par exemple. Là encore, il s’agit d’une piste de réflexion que vous pouvez aborder en assemblée générale.

Que conclure de cette hausse des prix du chauffage ?

La hausse des prix du chauffage est un phénomène multifactoriel. La crise énergétique que nous connaissons aujourd’hui va donc perdurer pendant plusieurs années. Cependant, la situation n’est pas aussi alarmante qu’elle n’y paraît, et ce, pour plusieurs raisons.

L’État a en effet mis en place un bouclier tarifaire pour nous protéger de l’explosion des prix, et réfléchi en ce moment à des solutions pour limiter les dégâts dans les prochains mois. En outre, l’augmentation massive des prix ne sera pas proportionnelle à celle de nos futures factures. Les tarifs que nous avons annoncés en ce début d’article concernent en effet l’énergie achetée à l’avance. Les prix à court terme sont donc plus abordables.

Bien que la situation soit actuellement assez floue, vous pouvez dès à présent être le moteur du changement dont vous avez besoin pour limiter l’impact de vos futures factures. Les actions que nous avons citées précédemment peuvent notamment permettre à l’ensemble des copropriétés de réduire leur consommation énergétique, même en chauffage collectif.

Malorie Farre
rédactrice spécialisée en immobilier

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