Amélioration des DPE en 2023 : par où commencer ?

L’amélioration des DPE est au cœur des préoccupations des propriétaires bailleurs depuis la réforme de 2021. Au 1er janvier 2023, les premières interdictions de location sont entrées en vigueur pour les biens classés G les plus énergivores. Aujourd’hui plus que jamais, la rénovation énergétique s’impose pour de nombreux propriétaires. Il n’est cependant pas évident de savoir par où commencer, ni quels travaux entreprendre en fonction de son logement.

Dans cet article, nous allons voir comment améliorer son diagnostic énergétique en 2023. Nous passerons en revue les moyens les plus efficaces d’augmenter sa notation, ainsi que les travaux à prioriser.

Pour y voir plus clair, j’ai discuté avec deux professionnels basés en région Lyonnaise, qui nous apportent des informations techniques sur les DPE, ainsi que des suggestions pour allier performance, confort et décoration d’intérieur.

Anthony Tessier, diagnostiqueur.

Nohémy Freymuller, architecte d’intérieur.

Le point sur la réforme des DPE 2021

Pour rappel, la réforme des DPE a interdit l’augmentation des loyers des logements classés G et F au milieu de l’année 2022. Les interdictions totales de location ont quant à elles déjà débuté. Voici un récapitulatif des logements non louables en fonction des dates :

  • 2023 : les logements classés G, qui consomment plus de 450 kWh/m² par an en énergie finale
  • 2025 : les logements classés G
  • 2028 : les logements classés F
  • 2034 : les logements classés E

La réforme comporte d’autres points notables :

  • Changement de la méthode de calcul

Le calcul sur facture est désormais obsolète à cause de son manque de pertinence. C’est désormais la méthode de calcul 3CL qui s’applique, dont nous verrons les détails dans la suite de cet article.

  • DPE opposables et DPE vierges interdits

Cela signifie que vous êtes en droit de demander un second diagnostic en cas de doute sur l’exactitude de la notation. Les DPE vierges sont quant à eux totalement interdits depuis juillet 2021, pour des raisons de transparence.

  • L’étiquette des DPE

L’étiquette de la consommation énergétique et celle des émissions de gaz à effet de serre ont fusionné. Le compte rendu des DPE affiche désormais une étiquette unique, qui prend en compte ces deux éléments. En outre, la consommation d’énergie finale figure désormais sur la première page des DPE, tout comme la consommation d’énergie primaire.

Les préconisations les plus courantes pour l’amélioration des DPE en 2023

Aujourd’hui, les diagnostiqueurs n’ont plus la main sur les scores des diagnostics de performances énergétiques, ainsi que sur les préconisations.

Ils appliquent la méthode 3CL. Ce calcul se fait en fonction du volume chauffé. Il prend notamment en compte :

  • La taille du logement,
  • La hauteur sous plafond,
  • le périmètre des parois déperditives (qui donnent sur l’extérieur),
  • les murs qui donnent sur les locaux non chauffés (parties communes en copropriété par exemple),
  • le plafond ou le plancher donnant sur un local chauffé ou non, ou bien sur l’extérieur,
  • le type d’énergie utilisée et la ventilation,
  • l’isolation,
  • le type de murs,
  • le type de fenêtres et de volets.

Les diagnostiqueurs entrent ensuite ces informations dans le logiciel 3CL, mis en forme par l’État. Ce logiciel possède toutes les références thermiques, ce qui lui permet d’établir le classement énergétique des logements. Il donne une estimation des coûts en euros, et la consommation en kWh par an et par m² en énergie primaire.

Les mesures d’améliorations sont apportées automatiquement par l’algorithme de l’ADEME (l’Agence Nationale de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie). Ce système entraîne inévitablement une homogénéisation des préconisations. En effet, comme nous l’explique Anthony Tessier, la grande majorité des mesures d’améliorations préconisées sont maintenant identiques :

  • L’isolation par l’intérieur ou par l’extérieur
  • L’installation d’une pompe à chaleur

L’amélioration des DPE représente un budget conséquent

La réforme des DPE pousse aujourd’hui les propriétaires bailleurs à conscientiser les performances énergétiques de leurs logements. Celles-ci sont désormais un point indispensable à leur activité. Si la majorité des bailleurs sont disposés à améliorer leur notation de DPE, la problématique du budget reste omniprésente. Les travaux de rénovation énergétique sont en effet onéreux, et les propriétaires ont souvent des surprises après l’analyse de leur diagnostic.

« Les améliorations proposées par l’algorithme sont mal estimées par rapport au coût réel des travaux. C’est un problème qui revient régulièrement chez les propriétaires. Ils constatent des écarts assez importants entre les prix donnés par l’ADEME et les devis réels. »
Anthony Tessier
Diagnostiqueur
« Il faut identifier les pôles qui présentent les plus grandes pertes d’énergie, afin de savoir quels travaux sont à prioriser. Je conseille à tous mes clients de ne pas négliger ou retarder l’amélioration des DPE, car cela permet aux propriétaires occupants d’augmenter leur confort de vie et la durabilité de leur logement, tout en réduisant leurs factures énergétiques sur le long terme. Les propriétaires bailleurs, peuvent quant à eux continuer à louer. »
Nohémy Freymuller
Architecte d'intérieur

L’isolation : point central de l’amélioration des DPE

Isoler les murs par l’extérieur, les plafonds et les sols

L’isolation reste ce qu’il y a de plus performant pour améliorer les performances énergétiques de votre logement. En fonction des biens, il peut être pertinent d’isoler les murs, le sol, ou encore la toiture, par l’intérieur ou bien par l’extérieur.

Anthony Tessier nous précise également que les travaux d’isolation doivent toujours être réalisés dans le respect des bâtiments :

« L’isolation ne doit jamais créer un désordre du bâti. C’est-à-dire qu’on doit laisser les murs respirer, particulièrement sur les biens anciens. De ce fait, il faut porter une attention particulière aux matériaux et aux techniques utilisés pour isoler. Dans le cas contraire, on risque de créer des fissures, de l’humidité, et d’autres dommages au bâti.»

Nohémy Fremuller confirme l’importance du respect des bâtiments lors des travaux d’isolation, et en ce sens, conseille de privilégier des matériaux naturels.

« Opter pour un crépi à la chaux permet par exemple d’isoler les murs de façon naturelle. La matière a l’avantage d’être respirante et pérenne dans le temps. ».

 

L’isolation par l’extérieur est un moyen efficace d’améliorer les performances énergétiques des logements, sans perdre de l’espace à l’intérieur. Cependant, cette option n’est pas toujours envisageable, notamment pour les bâtiments anciens, protégés et certaines copropriétés.

L’isolation par la toiture peut être intéressante, notamment pour les maisons dont les combles sont accessibles, ou pour les logements situés sous les toits. L’isolation par le sol peut également être pertinente pour des pièces qui donnent sur des espaces non chauffés, tels que des pièces communes ou des sous-sols par exemple.

Isoler les murs par l‘intérieur

Enfin, l’isolation des murs par l’intérieur est un choix plutôt fréquent chez les propriétaires. Nohémy Freymuller nous conseille encore une fois d’opter pour des matériaux naturels : « On n’est pas obligé de choisir la laine de verre pour isoler son logement. Il existe une multitude d’autres matériaux plus naturels et très efficaces, comme les fibres de bois ou de lin, la laine de bois ou de chanvre, les plumes de canard, ou encore la paille. ».

Elle nous apporte également quelques conseils pour allier décoration d’intérieur et amélioration des DPE. « Isoler les murs par l’intérieur implique de sacrifier quelques centimètres d’espace. C’est cependant au profit d’une meilleure qualité de vie au quotidien, il ne faut donc pas hésiter à le faire. Intégrer directement l’isolant au cœur de la décoration d’intérieur peut être intéressant. Je pense notamment aux panneaux de liège ou de bois aggloméré, qui peuvent être placés directement sur les murs. Ce sont de très bons isolants thermiques et phoniques, qui permettent de créer une ambiance particulière au sein du logement. »

Pour les plus originaux d’entre nous, elle ajoute : « Certains établissements optent également pour des revêtements muraux en fibres métalliques. Ça donne un look très affirmé, qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui peut s’adapter à un style industriel par exemple. En outre, il existe des blocs de fibres de vêtements recyclés. Ils sont généralement assez colorés et permettent de créer une ambiance forte dans une pièce. »

Le choix du chauffage : un élément déterminant pour les performances énergétiques

La pompe à chaleur est la mesure phare de la réforme des DPE. Aujourd’hui, il est en effet pratiquement impossible de réaliser un diagnostic de performances énergétiques sans se voir proposer ce système de chauffage. Cela s’explique notamment par le fait que l’étiquette des émissions de gaz à effet de serre prend le dessus sur celle de la consommation énergétique. Si celle du gaz à effet de serre est moins bonne que celle de la consommation énergétique, la seconde s’alignera sur la première. La notation la plus mauvaise sera alors retenue.

La pompe à chaleur étant électrique, elle rejette très peu de gaz à effet de serre. Elle apparaît donc comme une solution efficace pour l’amélioration des DPE.

Il existe cependant d’autres solutions pour augmenter les performances énergétiques de votre système de chauffage. Les poêles et les systèmes géothermiques peuvent être pertinents, bien qu’ils ne soient pas adaptés à tous les types de biens. Les maisons individuelles s’y prêtent particulièrement bien, contrairement aux copropriétés.

Enfin, le simple fait d’équiper votre logement d’une chaudière plus moderne vous permettra de consommer moins, et donc d’améliorer votre notation.

Des chauffe-eaux plus modernes et plus petits

Le système de production d’eau chaude est lui aussi un élément déterminant pour l’amélioration des DPE. La principale problématique relevée par Anthony Tessier et Nohémy Freymuller est que les anciens ballons d’eau chaude sont généralement surdimensionnés par rapport à la surface des habitations. « On voit parfois des ballons de 200 à 250 litres dans des T2 ou des T3. Chauffer autant d’eau demande énormément d’énergie, alors que des ballons de 80 à 120 litres sont largement suffisants », nous explique Anthony Tessier. Il nous précise également que les équipements récents, tels que les ballons plats ou avec des systèmes de boost sont beaucoup plus petits et performants.

« Si vous avez le budget nécessaire, vous pouvez opter pour un petit chauffe-eau instantané qui se branche aux arrivées d’eaux. Il est discret et permet d’avoir de l’eau chaude très rapidement grâce à son système de boost. Vous faites alors des économies d’eau, car vous n’avez plus besoin de laisser couler l’eau pendant plusieurs minutes avant qu’elle chauffe. »
Nohémy Freymuller
Architecte d'intérieur

Pour conclure, je dirais que la rénovation énergétique est une étape cruciale de cette année 2023, surtout pour les propriétaires bailleurs des logements les plus énergivores. Si c’est votre cas, sachez que vous n’êtes pas seuls face à cette problématique. Les diagnostiqueurs et les architectes ont en effet un devoir de conseil. Vous pouvez notamment consulter l’annuaire des diagnostiqueurs immobiliers certifiés fourni par le ministère de la transition écologique.

Ils seront donc capables de vous aiguiller, afin de choisir les travaux les plus adaptés à votre situation. De plus, sachez que l’État met en place plusieurs aides financières dédiées aux rénovations énergétiques. N’hésitez pas à vérifier votre éligibilité !

Malorie Farre
Rédactrice spécialisée en immobilier

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